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Guerre 1914 / 1918 - Le 407° R.I.
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5 mai 2009

Marcel ARVISENET (6)

EN ATTENDANT L’ATTAQUE.

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2 Septembre.             Une heure du matin : Une grenade vient de tomber dans la sape, au milieu des pionniers et des sentinelles. Elle éclate avant que personne ait pu bouger ! les 3/4 des hommes présents sont touchés ! G……. est grièvement blessé – B……. tombe, mortellement frappé, un éclat lui a  tranché la gorge. Deux pionniers reçoivent des éclats dans le dos, B………., V………. et B……….. sont blessés  cinq minutes après, par une nouvelle grenade, dans la sape de gauche.

3 SEPTEMBRE.            L’ennemi devient agaçant !  Il nous a sonné tout à l’heure !! Plus de cent torpilles ont bouleversé notre tranchée de fond en comble. Est-ce un tir de réglage ? Notre artillerie se met de la partie et pendant une heure, nos petits 75 passent en miaulant au ras de la tranchée, pour aller bouleverser les positions ennemies. Nos crapouillots entrent dans la danse et défoncent les abris boches, à grand fracas. On entend hurler devant nous : dans une explosion qui soulève une gerbe de terre et des débris de sacs, on voit un Boche projeté sur les réseaux, ou il reste accroché par le ceinturon. Il a le visage tout noir. Par moment. Des lambeaux de capote viennent retomber dans notre sape. C’est terrible !!

15 Septembre.            Après cinq jours de repos, dans les environs de Haute-Avesnes – Ecoivre, nous reprenons le même secteur. Cette nuit, je perds un de mes meilleurs camarades du régiment : R…… G….., de la 6ème escouade, dormait en montant la garde, exténué de fatigue ; il avait la tête appuyée contre des sacs de terre. Une balle traverse un sac, et lui entre dans la tête ; il tombe dans la tranchée, sans une plainte. On l’emporte au poste de secours, ou il meurt cinq heures plus tard, sans avoir repris connaissance.

16 Septembre.            Le secteur devient de plus en plus dangereux ! Tous les jours, le feu de l’artillerie augmente d’intensité ! Est-ce l’attaque en préparation qui va se déclencher ? Cette nuit, B……, de la 3ème section, est tué d’une balle dans la tête.

17 Septembre.            Une violente fusillade se déclenche pendant la nuit ; une mitrailleuse ennemie crépite. Toute la section est au créneau ; la fusillade débute par un violent tir à volonté. Nous lançons des grenades. Des fusées, vertes et rouges, lancées par l’ennemi, illuminent la tranchée de lueurs verdâtres et rougeâtres.  C’est un aspect d’enfer !! Les boches déclenchent un tir de barrage. Une fusée à six étoiles rouges part de notre poste de commandement : on demande le barrage. Que se passe t il donc devant nous ? L’action se déroule de Souchez à Arras. Une grenade ennemie tombe au milieu de la 7ème escouade : le Caporal V……… est grièvement blessé ; il a un pied arraché ! B…… Amédée, de Fontaine-Française, mon compatriote, est blessé grièvement à une jambe. Des explosions sourdes sont entendues dans la sape souterraine ; un obus a enfoncé la voûte et l’ennemi lance des grenades à l’intérieur. Les pionniers sortent affolés.

18 Septembre.            Nous évacuons la tranchée de première ligne ( parallèles de départ)

Le bombardement commence. Préparation et attaque, sur tout le front d’Artois. Cela doit durer cinq jours ; nous avons le temps de devenir fous !

             De cinq heures du matin à sept heures du soir, le bombardement fait rage ! La nuit tombée, le Caporal B…….. part en patrouille avec le Sergent S……... Ils rampent jusqu'à la tranchée ennemie, et sautent dedans, le revolver au poing ! Les premières lignes boches sont dans un état pitoyable. Leurs guetteurs se sont repliés en deuxième lignes, car nos deux patrouilleurs ne trouvent personne ! Après un bon moment d’observation, et entendant revenir les Allemands, nos braves rentrent dans notre tranchée.

19 Septembre.     B……. reçoit une balle en pleine poitrine, au moment où le bombardement allait recommencer. Tout à l’heure, C…….., en allant relever V………, qui était de garde dans les parallèles, l’a trouvé étendu dans une mare de sang ! Il avait été tué sur le coup par un éclat de torpille française ! M…. V……… est étendu à nos pieds ; on le croyait mort, mais non : Il respire encore ! Le tube de torpille qui l’a frappé à mort est entré par le dessus de la tête, et lui a fait éclaté la boîte crânienne. Il y a du sang contre la parois de la tranchée, et sur les caillebotis…  Il agonise… Dans sa petite barbe fauve, le sang coule en minces filets pourpres… Son grand front est plus pâle ; son visage est changé ! On ne dirait pas le même homme que celui qui m’a dit bonjour, il y a quelques heures… Et pourtant c’est bien lui ! Comme l’approche de la mort le saisit vite…

Sa barbe est noire, à présent, de sang coagulé. Il trésaille ; ses lèvres s’entrouvrent comme pour dire quelque chose. Ses yeux deviennent vitreux. Un long soupir s’exhale de sa bouche pâlie ! V……. est mort !!

Derrière moi, j’entends sangloter. Je me retourne… C’est le Capitaine M………, notre commandant de compagnie, qui pleure son soldat. Car Il les aime, ses petits soldats !! " Oh, dit-il, mes pauvres petits gars ! Ils me les tueront tous "…

Pendant que l’on couvre le corps de V……… d’une toile de tente, C…….. monte sur la banquette de tir où vient d’être tué son camarade. Et attends son tour !!

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